Réduction des émissions et surveillance en continu : un défi pour les exploitants d’incinérateurs
Le Centre de valorisation énergétique de déchets ménagers par incinération de TADEN, est exploité par la société IDEX Environnement depuis 1998. 2 fours incinèrent en continu principalement des déchets ménagers avec une capacité de 7 tonnes par heure chacun. Grâce à la chaleur produite, 45 000 MWh/an d’électricité sont produits chaque année. Pour répondre aux exigences réglementaires en vigueur le traitement des fumées a été rénové en 2005 et en 2012.
Les gaz en sortie de chaudière sont canalisés vers un dépoussiéreur à manche filtrantes puis passent au travers d’un laveur à deux étages. Le premier étage, acide a pour but de capter l’acide chlorhydrique, l’acide fluorhydrique et les métaux lourds. Le second étage, basique a pour but de capter le dioxyde de soufre. Après ce traitement les gaz traversent un catalyseur afin de traiter les oxydes d’azote et les dioxines et furanes avant d’être rejeté à la cheminée.
Le nouvel arrêté du 12 janvier 2021, qui entre en application à compter du 3 décembre 2023 pour les installations existantes, impose en particulier de nouvelles limites d’émission journalières et la mesure en continu des rejets atmosphériques de mercure. Ces exigences supplémentaires représentent pour ce type d’installation industrielle de nouveaux défis. Il faut en effet améliorer la performance du traitement de fumées ou le rénover voire le modifier, éventuellement équiper l’installation de nouveaux systèmes de surveillance, tout en limitant l’impact sur les coûts d’exploitation. Les réglementations françaises pour l’incinération sont très strictes pour le suivi des rejets atmosphériques, en cas d’indisponibilité de mesure des rejets, l’incinération de déchets doit être arrêtée après quelques heures seulement. Ces équipements doivent donc être performants, fiables, et font l’objet d’un suivi rigoureux.
Cas particulier de la mesure en continu de mercure
Le mercure est une substance particulièrement toxique pour les êtres vivants à des concentrations même faibles. Bien que son usage ait été fortement réglementé et limité ces dernières décennies, de très faibles quantités sont encore présentes dans les déchets ménagers. Le mercure présent sous forme métallique dans les déchets se transforme en gaz après combustion dans le four. Une partie de ce mercure est ensuite capté par le traitement de fumées de l’installation, mais des concentrations résiduelles sont émises en cheminée. Ces concentrations étaient jusqu’alors limitées à 50 µg/Nm3, et une vérification annuelle obligatoire était effectuée lors d’une mesure ponctuelle par un organisme de contrôle agréé.
La nouvelle réglementation exige désormais de ne pas dépasser la moyenne journalière de rejet de 20 µg/Nm3 et de mesurer en continu cette concentration de mercure dans les fumées à l’aide d’un analyseur certifié selon les normes européennes. Cette mesure de mercure ne doit pas être indisponible plus de 500h/an selon le nouvel arrêté.
C’est un nouveau challenge pour les exploitants, pour plusieurs raisons, et entre autres :
- Les valeurs limites sont très faibles, quelques µg/m3. Les autres polluants mesurés en continu, comme le HCL, le SO2, les NOx sont en concentration 1000 fois plus élevées (mg/m3)
- Le comportement du mercure gazeux dans une installation d’incinération est complexe. Le mercure s’associe à d’autres composés chimiques, il est adsorbé et désorbé par certains matériaux
- Le contenu en mercure des déchets est très variable, les concentrations de mercure apparaissent donc souvent sous forme de pics et la baisse des concentrations est progressive
- À ce jour, seules des mesures ponctuelles ont été réalisées